Les méthodes d'aménagement bas carbone : entre théorie et réalité du terrain
- Charlène Plantard
- 1 juil. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept. 2024
Dans le cadre du projet de rénovation des bureaux parisiens de Groupe Global, nous avons discuté avec Joël Walk qui a joué un rôle crucial en tant qu'économiste et conducteur de chantier. Il partage avec nous son expérience sur ce projet et ses réflexions sur les méthodes d'aménagement bas carbone appliquées sur le terrain.

Peux-tu nous décrire tes responsabilités dans ce projet ?
Joël Walk : J’ai eu deux rôles dans le projet. Tout d'abord, en tant qu'économiste, j'ai été chargé d'évaluer et de chiffrer les différentes prestations qui rendront possible la conception de Fabien, architecte du projet. Cela incluait le chiffrage des prestations techniques, des sous-traitances et des matériaux. Ensuite, j'ai pris en charge la conduite du chantier, c’est-à-dire la coordination des prestataires et la supervision de l'avancement des travaux.
Quels ont été les principaux défis rencontrés sur le chantier jusqu'à présent ? As-tu eu des imprévus ?
Au départ, nous avions une zone chantier et une zone utilisateur sur le premier étage : nous avions installé une cloison entre l’espace des architectes et l’espace en travaux. Cependant, nous avons finalement réussi à regrouper toutes les équipes au rez-de-chaussée, ce qui nous a permis de traiter l'ensemble du premier étage au même moment. Cette décision nous a épargné des complications, car travailler dans un chantier occupé n'est jamais facile. Si cela peut être compliqué pour les collaborateurs, à cause des nuisances sonores et d’un manque de confort, il ne faut pas oublier que c’est tout aussi compliqué pour les prestataires qui interviennent : ils peuvent être dérangés ou bloqués dans certaines de leurs tâches. D’ailleurs, tout l’aspect sécurité est une préoccupation majeure, d’autant plus que nous avons réalisé une ouverture de trémie ! L’ensemble des collaborateurs a été mis en télétravail lors de cette ouverture et nous avons eu un petit imprévu : la machine du prestataire s’est cassée. Heureusement, grâce à notre flexibilité, nous avons pu prolonger le télétravail de quelques jours, le temps que le prestataire puisse terminer l'ouverture de la trémie.
Il faut aussi penser à toute la logique de tri, de réemploi et de recyclage que nous avons souhaitée sur ce chantier. Il existe toujours un écart entre la théorie, telle que planifiée par l'architecte d'intérieur, et la réalité sur le terrain. Par exemple, en ce qui concerne les dalles de moquette, nous avions prévu un taux de réutilisation plus élevé que ce que nous avons finalement atteint. Cela peut être dû à divers problèmes, tels que des dalles trop sales avec trop de colle ou de ragréage, ou des découpes particulières entraînant une perte de mètres carrés pour le futur sol. Malgré ces défis imprévus, nous avons tout de même réussi à intégrer à la fois le réemploi et le recyclage dans de nombreux éléments du projet.
Tu viens d’aborder le réemploi et le recyclage, quel est l’impact de ces nouvelles d'aménagement bas carbone dans ton métier d’Economiste ?
Les méthodes d'éco-conception, ou dites bas carbone, exigent un effort supplémentaire en raison de leur complexité lors de leur mise en œuvre, ainsi que d'une réorganisation des diverses filières de production et de réutilisation qui ne sont pas toujours opérationnelles. Le réemploi et le recyclage dans le secteur du BTP est un vrai enjeu, avec de nouveaux process à mettre en place sur toute la chaîne de valeur.
Comme je l’ai dit auparavant, il n’est pas toujours facile d’allier le souhait d’un chantier totalement durable et la réalité du terrain. Par exemple, les vitrages des cloisons amovibles sont fabriqués sur mesure en fonction de la hauteur des plafonds, qui peut varier d'un côté du plateau à l'autre. Lorsque l’on souhaite réemployer les vitrages tout en changeant la disposition des espaces de travail, il est difficile d’avoir la bonne taille pour le nouvel emplacement que ce soit en termes de largueur ou d’hauteur. Pour un économiste, le travail est alors d’estimer avec précision la quantité de matériaux réutilisables et ce n’est pas une mince à faire ! Cela nécessite une collaboration étroite avec l’architecte, le client et le fournisseur.
Avec nos nouveaux bureaux, nous avons intégré ces méthodes novatrices et les avons mises à l'épreuve sur notre propre projet, en vue de les proposer à l'ensemble de nos clients.
Quel est ton regard sur le chantier des nouveaux bureaux parisiens de Groupe Global ?
Ce chantier me suit depuis un certain temps. Nous avons réussi à créer quelque chose de beau en combinant des éléments neufs et recyclés. Nos nouveaux bureaux seront le reflet de notre expertise dans ces deux domaines.
Actuellement, nous réalisons les travaux au rez-de-chaussée et tout se passe bien, il n’y a pas de contraintes particulières. Le plus gros du travail est derrière nous, et le dernier défi qui nous attend sera la pose de l'escalier sur mesure reliant les deux étages. Ce sera véritablement la touche finale, marquant la conclusion des travaux et le début d'un nouveau chapitre pour l’entreprise.